Mythe et réalité énergétiques
Service One
Quelles que soient les évolutions de marché des prochaines semaines, le baril à 55 dollars confirme que l'énergie à bas prix est une période révolue. On le craignait, on le sait. Face à ce constat, les appels à une politique européenne en la matière reviennent avec force sur le devant de la scène. Tous en veulent, qui la fait ?
Mercredi, Le président, cherchant à rassurer les Français, annonçait aux parlementaires que l'Etat rembourserait le trop-perçu lié à la hausse des carburants. Dans la foulée, il se disait favorable à «une politique européenne de l'énergie». Le soir même, notre ministre se faisait critiquer par ses collègues à Luxembourg, qui l'accusaient de faire fi des accords européens sur la fiscalité pétrolière. Le lendemain, jeudi, le conseil d'administration d'EDF officialisait le choix du site qui accueillera le prototype EPR, le réacteur de troisième génération. Si, sur le plan industriel, il y a une dimension franco-allemande, on n'y trouvera rien qui ressemblerait à un fruit d'une politique européenne de l'énergie. Et pour cause : outre une harmonisation fiscale toujours en suspens, celle-ci se limite à édicter des principes, à fixer des objectifs de consom mation, guère plus.
Pourtant, avec un scénario du pétrole cher, l'Europe se trouvera dans une position structurellement plus fragile que celle des Etats-Unis, au sous-sol nettement plus riche et généreux. A terme, sa dépendance ne pourra que s'accentuer, compromettant l'équilibre de ses échanges, surtout si elle ne porte pas remède à sa compétitivité industrielle déficiente.
Dire que les Etats-Unis ont une politique au sens où la France a pu en développer une après le premier choc pétrolier, en s'appuyant sur un choix technologique d'Etat (l'atome, promu par des entreprises publiques), serait exagéré. Il reste qu'ils déploient une stratégie de sécurité d'approvisionnement (avec son volet diplomatique et ses aspects militaires) et de gestion de stocks. De ce point de vue, sans politique énergétique à 25, il est utopique d'espérer une politique extérieure européenne indépendante, car ce qui touche aux approvisionnements d'énergie en constitue un élément central.
Bizarrement, le projet de traité constitutionnel laisse à la compétence des Etats membres le soin de définir les axes de leur politique énergétique (article III-157). Or, entre autres inconvénients, cette option se révélera déstabilisante pour le bon fonctionnement du marché intérieur, composé de diverses filières énergétiques qui ont chacune un poids différent dans la consommation électrique des pays membres. L'harmonisation sans heurts, via le marché désormais ouvert, s'avérera difficile : pour atteindre les objectifs environnementaux sur lesquels elle s'engage dans les instances internationales, l'Union sera amenée à taxer certaines sources d'énergie plus que d'autres, le thermique notamment. La distorsion de concurrence guette au détriment du bon fonctionnement d'un marché à peine libéré. Sans politique énergétique, la question de la sécurité extérieure et de la stabilité intérieure ne peut à terme qu'être posée.
Mercredi, Le président, cherchant à rassurer les Français, annonçait aux parlementaires que l'Etat rembourserait le trop-perçu lié à la hausse des carburants. Dans la foulée, il se disait favorable à «une politique européenne de l'énergie». Le soir même, notre ministre se faisait critiquer par ses collègues à Luxembourg, qui l'accusaient de faire fi des accords européens sur la fiscalité pétrolière. Le lendemain, jeudi, le conseil d'administration d'EDF officialisait le choix du site qui accueillera le prototype EPR, le réacteur de troisième génération. Si, sur le plan industriel, il y a une dimension franco-allemande, on n'y trouvera rien qui ressemblerait à un fruit d'une politique européenne de l'énergie. Et pour cause : outre une harmonisation fiscale toujours en suspens, celle-ci se limite à édicter des principes, à fixer des objectifs de consom mation, guère plus.
Pourtant, avec un scénario du pétrole cher, l'Europe se trouvera dans une position structurellement plus fragile que celle des Etats-Unis, au sous-sol nettement plus riche et généreux. A terme, sa dépendance ne pourra que s'accentuer, compromettant l'équilibre de ses échanges, surtout si elle ne porte pas remède à sa compétitivité industrielle déficiente.
Dire que les Etats-Unis ont une politique au sens où la France a pu en développer une après le premier choc pétrolier, en s'appuyant sur un choix technologique d'Etat (l'atome, promu par des entreprises publiques), serait exagéré. Il reste qu'ils déploient une stratégie de sécurité d'approvisionnement (avec son volet diplomatique et ses aspects militaires) et de gestion de stocks. De ce point de vue, sans politique énergétique à 25, il est utopique d'espérer une politique extérieure européenne indépendante, car ce qui touche aux approvisionnements d'énergie en constitue un élément central.
Bizarrement, le projet de traité constitutionnel laisse à la compétence des Etats membres le soin de définir les axes de leur politique énergétique (article III-157). Or, entre autres inconvénients, cette option se révélera déstabilisante pour le bon fonctionnement du marché intérieur, composé de diverses filières énergétiques qui ont chacune un poids différent dans la consommation électrique des pays membres. L'harmonisation sans heurts, via le marché désormais ouvert, s'avérera difficile : pour atteindre les objectifs environnementaux sur lesquels elle s'engage dans les instances internationales, l'Union sera amenée à taxer certaines sources d'énergie plus que d'autres, le thermique notamment. La distorsion de concurrence guette au détriment du bon fonctionnement d'un marché à peine libéré. Sans politique énergétique, la question de la sécurité extérieure et de la stabilité intérieure ne peut à terme qu'être posée.
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